1. Le climat se dérègle

Aux origines de la crise climatique, on retrouve un dérèglement géophysique de la planète. Le mécanisme est simple: les gaz à effet de serre (GES), qui découlent des activités humaines, s’accumulent dans l’atmosphère, où ils favorisent la hausse des températures. Une véritable réaction en chaîne se met alors en place.

La concentration moyenne de dioxyde de carbone (CO2) dans l'air augmente régulièrement depuis la révolution industrielle. En cause, les activités humaines qui ont exploité massivement des énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole, dont l'extraction et la combustion produisent du CO2. On la mesure en parties par million (ppm), ce qui représente un milligramme de CO2 par kilogramme d'air.

Un gaz à effet de serre parmi d'autres. Plus il y a de CO2, plus l’atmosphère piège le rayonnement solaire: c’est ce qu’on appelle un gaz à effet de serre (GES). Mais il y en a d’autres: le méthane (CH4), le protoxyde d'azote (N20), et même la vapeur d'eau, dont l'effet de serre naturel a contribué à rendre notre planète habitable! Tous les GES ne persistent pas aussi longtemps (quelques jours pour la vapeur d'eau, contre 100 ans pour le CO2), ni n'ont pas le même potentiel de réchauffement: une molécule de protoxyde d’azote (N2O) contribue ainsi 298 fois au réchauffement qu’une molécule de CO2. On utilise ainsi pour unité la tonne équivalent CO2 pour comptabiliser toutes les émissions de gaz à effet de serre.

«Le climat a toujours connu des variations naturelles», proclament les climatosceptiques. Oui… et non! On peut reconstituer les dernières 800’000 années de l’histoire du climat en prélevant des carottes glaciaires dans les profondeurs des glaces en Antarctique et en analysant les bulles de gaz qui y sont piégées. Ces archives paléoclimatiques montrent qu’au cours des 800’000 dernières années, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a fluctué entre environ 180 et 280 ppm, au gré des périodes glaciaires et interglaciaires. Et que c’est seulement récemment qu’elle a soudainement augmenté dans des proportions inédites.

Les activités humaines responsables. Il y a environ 300’000 ans, naissait notre espèce, Homo sapiens. Depuis la révolution industrielle, vers 1750, le recours massif aux combustibles fossiles, couplé à la dégradation des terres, dérèglent le cycle du carbone. En 2015, la barre des 400 ppm de CO2 a été franchie, et ne cesse de grimper depuis, pour atteindre 420 ppm en 2022, soit une progression de plus de 50% par rapport au niveau préindustriel (278 ppm), créant des conditions climatiques inégalées au cours des derniers 800’000 ans

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Evolution des températures dans le monde

Source: MeteoSuisse

Au fur et à mesure que les gaz à effet de serre s’accumulent, la planète se réchauffe de plus en plus vite. Depuis 1880, la température moyenne à la surface s’est déjà réchauffée d’environ 1°C. La Suisse, de par sa situation géographique, connaît un réchauffement en moyenne deux fois plus rapide que la moyenne planétaire.

Elévation des eaux dans le monde

Source: Copernicus — Icône: Freepik pour www.flaticon.com

L’augmentation des températures entraîne une élévation du niveau marin par deux mécanismes: la dilatation de l’eau de mer, qui occupe de plus en plus de place en se réchauffant, mais également la fonte des pôles et des glaciers. Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) sur les océans et la cryosphère de 2019, le niveau marin pourrait monter de près d’un mètre d’ici 2100, mettant en danger de nombreux écosystèmes et près d’un milliard d’humains.

C’est une des conséquences les plus visibles en Suisse du réchauffement climatique. Les glaciers alpins disparaissent progressivement. Selon les données du Réseau des relevés glaciologiques suisse (Glamos), le glacier de Zmutt – dont dépend celui du Cervin – a ainsi perdu près d'1,2 kilomètre de longueur en un siècle, avec une accélération marquée dès les années 1940.

2. C’est de notre faute