2. C’est de notre faute

Les climatosceptiques voudraient voir dans les phénomènes actuels des fluctuations naturelles du climat. Il n’en est rien: nos émissions de gaz à effet de serre sont en cause. En tant que pays industrialisé, la Suisse contribue activement au changement climatique.

Depuis le début de l’ère industrielle, les climatologues estiment que les activités humaines sont responsables de l’émission de plus de 2500 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. La responsabilité historique en revient principalement aux pays fortement développés, comme les Etats-Unis et l’Europe. Tandis que les pays les plus vulnérables face au réchauffement climatique sont souvent ceux qui y ont le moins contribué. La Chine est régulièrement pointée du doigt, mais rapportées à son nombre d’habitants, ses émissions sont plus faibles que celles de l’Allemagne. A contrario, des petits pays développés comme la Suisse ont une empreinte plus conséquente par habitant, et encore davantage si on prend en compte les émissions importées émanant du secteur du négoce.

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Normalement, les processus géophysiques qui en émettent sont compensés par ce qu’on appelle les puits de carbone, qui permettent de stocker cet excédent: forêts, océans… Mais avec les émissions des combustibles fossiles, le cycle du carbone est déréglé. Les changements d’affectation des terres, par exemple la déforestation, empêchent également le stockage durable du CO2. Résultat: ces réservoirs ne sont plus suffisants pour neutraliser toutes les émissions, et le CO2 en surplus s’accumule dans l’atmosphère.

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La Suisse émet environ 46 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an. Un quart est dû aux transports, essentiellement du fait des voitures individuelles et de leurs émissions directes de CO2. Ensuite viennent l’alimentation et le logement. Mais pour avoir une vue précise de la situation, il faut aussi prendre en compte les émissions dites importées, qui ont lieu à l’étranger pour produire des biens consommés en Suisse. Au global, elles conduisent à doubler l’empreinte carbone du pays!

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En 2020, un rapport des Nations unies rapportait que presque 100 millions d'hectares de forêts ont été perdus en deux décennies. Certains pays se démarquent avec de grosses pertes: la Russie (avec près de 5,5 millions d’hectares), le Brésil (près de 3,3 millions) et l’Australie (2,3 millions). A cause du changement climatique, les forêts sont de plus en plus vulnérables face à des incendies de plus en plus ravageurs. Du fait de leur raréfaction, les forêts stockent aussi de moins en moins de CO2.

Depuis 30 ans, les forêts progressent en Suisse, principalement en raison de l’abandon des pâturages dans l’arc alpin, mais aussi du réchauffement climatique, qui favorise le développement de la végétation à une altitude plus élevée. Sur le plateau, et en fond de vallées, la pression est néanmoins grandissante: environ 160 hectares sont défrichés chaque année, dont la majorité est reboisée à travers des mesures de compensation.

La déforestation suisse ne se cantonne néanmoins pas à ses frontières nationales. Café, cacao, soja, huile de palme, canne à sucre... les choix et habitudes au quotidien portent une empreinte écologique qui a tendance à déborder dans les pays en voie de développement. Pour répondre aux importations de matières premières agricoles en Suisse, pas moins de 11,2 millions d’hectares de forêts tropicales ont été défrichées à l’étranger ces cinq dernières années, soit l’équivalent de trois fois la superficie du territoire helvétique. Une «déforestation importée» qui représenterait 7% des émissions annuelles suisses, sans compter le secteur du négoce.

3. Davantage de catastrophes naturelles